Retraites : nos solutions (entretien avec Yvan Benedetti)

Extrait de l’entretien accordé par Yvan Benedetti à Jérôme Bourbon pour le journal Rivarol paru dans le numéro 3554 daté du 22 février 2023.

R. : Approuvez-vous les manifestations contre l’actuel projet de réforme des retraites ?

Y.B. : Non seulement je les approuve mais je les soutiens ; et cela sans y participer et sans me faire d’illusions. Je les soutiens parce que  l’ampleur de la mobilisation démontre que  ces manifestations dépassent de beaucoup la  seule résistance à une énième réforme des retraites.  Elle est la conséquence d’un ras-le-bol  général contre Emmanuel Macron, sa suffisance,  son mépris et sa politique.

Nous avons  tous pris en pleine figure l’explosion des prix  de l’énergie comme dans l’alimentaire. nous  vivons tous, au quotidien, les conséquences  terribles de l’inflation galopante avec la vie  qui se durcit et notre épargne qui fond au soleil  à mesure que l’endettement des ménages  augmente. Et voilà que la Macronie engage  une nouvelle réforme où il est demandé à tous  encore plus de sacrifices. D’autant plus que les  conditions de travail se sont très fortement dégradées  à mesure que les petites et moyennes  entreprises sont peu à peu remplacées par les  grands trusts internationaux et que la politique  migratoire appliquée sans discontinuité  depuis 60 ans a cassé les barrières protectrices  des travailleurs et tiré les salaires vers le bas.  Dans notre pays fracturé et divisé comme  jamais, il n’y avait aucune urgence à toucher  au système actuel, comme annoncé par le  Conseil d’Orientation des Retraites dans son  rapport de septembre 2022. Il s’est stabilisé  après l’arrivée en masse des nouveaux retraités  consécutifs au baby-boom d’après-guerre  favorisé par la politique familiale de l’Etat  français. Une nouvelle fois, le gouvernement  souscrit aux injonctions de Bruxelles, notamment  pour la suppression des régimes spéciaux.  Sa politique fait peser le déficit abyssal  et le poids de la dette sur le travail, au moment  où celle-ci s’alourdit sous l’effet de la  politique virusarde du « quoi qu’il en coûte »  et de l’augmentation des taux d’intérêts. Les  plus grosses fortunes du CAC 40 ont vu leurs  profits croître de manière indécente.

Cette  politique en faveur des seuls intérêts oligarchiques,  qui répond à la loi générale de la  privatisation des profits et de la socialisation  des pertes, exaspère les frustrations, crée du  ressentiment et nourrit la colère. C’est cette  colère qui s’exprime aujourd’hui dans la rue.  Mais je ne participe pas aux manifestations  et je ne me fais aucune illusion parce que ce  mouvement est encadré par les syndicats et  récupéré par la gauche et l’extrême gauche,  ceux-là même qui ont pourri et contribué à enterrer  le mouvement des Gilets Jaunes. Dans  ce nouveau combat, il faut renvoyer dos à dos  gouvernement et syndicats qui entretiennent  une lutte des classes passéiste afin de servir  des intérêts idéologiques et matériels. En tant  que nationaliste, je pense qu’il ne faut jamais  se couper de son peuple quand il est mû par  une colère légitime. L’erreur est de déserter  le front du travail et de le laisser à la seule  gauche. Il ne faut pas non plus opposer les  luttes entre elles. L’addition des colères, de la  Manif pour tous, à l’opposition au passe sanitaire,  en passant par les gilets jaunes, crée un  terreau favorable qui permettra aux graines  du changement radical de germer.

 

R.: Quelles sont les solutions que vous préconisez en matière de retraite ?

Y.B. : Pour maintenir le système de retraite par répartition, mis en place par le Maréchal Pétain, et le rendre plus juste et moins contraignant  fiscalement, il convient de prendre des  mesures drastiques. A commencer par l’annulation  pure et simple de la dette et le retour à  une pleine et entière souveraineté, monétaire  et financière, réalisable avec le seul Frexit. Il  faut redevenir maîtres de nos lois.

Ensuite,  il y a urgence à relancer une forte politique  nataliste pour inverser le processus de vieillissement  de la population. C’est une mesure  qui s’inscrit dans le temps long. Aussi fautil  tout à la fois, et rapidement, faire des économies  en s’attaquant au problème numéro  un de l’immigration. La seule solution — et  elle ne vaut pas que pour les retraites — tant  elle s’impose comme une nécessité, c’est la  remigration. En même temps, il faut réserver  les retraites aux seuls Français de souche et  lutter contre les fraudes massives des retraités  vivant à l’étranger.

Ensuite il faut créer des  richesses, mettre fin au racket fiscal, relancer  une politique industrielle, seule capable  de créer des emplois générateurs de flux de  revenus sans lesquels aucun financement des  retraites et aucune politique de justice sociale  ne sont possibles.

Enfin il faut un profond  changement des institutions, par la suppression  de la lutte des classes, génératrice de  conflits et de blocages permanents. Nous devons  réorganiser les métiers et les professions  en corporations regroupant patrons, cadres et  employés, chacune devant gérer leurs propres  conditions de travail, notamment le régime de  retraite, selon les critères spécifiques à chacun  des métiers.

Ce n’est que par l’application de  ce programme cohérent, que nous pourrons  rendre possible ce qui est nécessaire, c’est à  dire procurer à chaque Français, y compris  les plus âgés, un salaire décent et un travail  digne qui permettent de nourrir des familles  nombreuses.