Les trois couleurs de la France

             Il n’y avait rien de tel qu’un drapeau national sous l’Ancien Régime. Le souverain déployait parfois des étendards hérités de ses prédécesseurs et ses successeurs, à leur tour, pouvaient en arborer d’autres à leurs propres couleurs. Toutefois on remarque, tout au long des siècles de la monarchie, que les couleurs dominantes flottantes aux armées furent toujours le bleu, le blanc et le rouge ; depuis la célèbre chape bleue de Saint Martin de Tours, en passant par la bannière de Charlemagne et par l’oriflamme de Saint-Denis, toutes deux rouges, jusqu’à l’étendard blanc de Sainte Jeanne d’Arc et le panache blanc d’Henri IV. A la veille de 1789 non seulement l’usage des drapeaux et pavillons bleus, rouges et blancs était très répandu en France, mais la combinaison de ces trois couleurs constituait l’uniforme des Gardes-Françaises et avait été utilisée comme livrée royale à plusieurs reprises dans le passé. Depuis Louis XIV, l’enseigne blanche, insigne du commandement militaire, était devenu propre à la personne du roi, la couleur des Armes royales de France étant toujours le bleu.

Sacre de Philippe Auguste en 1180

             Les révolutionnaires adoptèrent la cocarde tricolore, le bleu et le rouge étant les couleurs de Paris, et le blanc celle du royaume. Louis XVI accepta de porter la cocarde tricolore lors de sa visite à l’hôtel de ville le 17 juillet 1789. En octobre 1790, l’Assemblée Nationale décida que le pavillon de marine serait désormais à trois bandes verticales rouge blanche et bleue. La Convention modifia l’ordonnancement des couleurs le  pour adopter l’actuel. Ce drapeau passa progressivement à terre pour remplacer les flammes tricolores sur les bâtiments publics, et on le vit sur les Tuileries lors de l’installation du Premier Consul le 19 février 1801.

             Son adoption, avec la disposition en trois bandes verticales d’une égale largeur, successivement bleue, blanche, et rouge, comme modèle type pour les drapeaux militaires, se situe sous Napoléon Ier, en 1812.

             A la chute de la royauté en 1792, les émigrés adoptèrent la cocarde blanche comme signe de ralliement et l’imposèrent à la France sous la forme du drapeau blanc au moment sous la Restauration. Pendant cette période, le fait d’arborer le drapeau tricolore était considéré comme un crime.

               Après la chute du roi Charles X en 1830, le nouveau régime de Louis-Philippe adopta le drapeau bleu blanc rouge qu’avaient brandi les insurgés. Lorsqu’éclata la révolution de 1848, qui renversa à son tour Louis-Philippe, les insurgés exigèrent le remplacement du drapeau tricolore par le drapeau rouge, mais Lafayette parvint à obtenir le maintien du drapeau tricolore, rappelant que celui-ci avait fait le tour du monde, tandis que le drapeau rouge n’avait jamais fait que le tour du Champ de mars. Napoléon III conserva également le drapeau tricolore, héritage de la Révolution et de l’Empire dont il se réclamait.

             En 1871, la Commune de Paris déploya le drapeau rouge jusqu’à son écrasement. La même année, un prétendant royaliste, le comte de Chambord, avait toutes les chances d’être proclamé roi de France mais, par sa volonté obstinée bien qu’injustifiée de rétablir le drapeau blanc à la place du tricolore, il empêcha le retour de la monarchie et provoqua l’établissement de la IIIe République. Les ultimes tentatives de substitution des trois couleurs nationales échouèrent ainsi.

           L’Etat français du Maréchal Pétain conserva le drapeau tricolore.

        En 1955 est apparu, en compétition avec le drapeau tricolore français, un drapeau monocolore supranational. Ce drapeau de couleur bleu pâle, qui porte en son centre douze étoiles jaunes formant un cercle, était une initiative du Conseil de l’Europe, d’une Europe idéologique ne tenant pas compte de la diversité des caractères nationaux et religieux, se voulant la réalisation partielle du mythe insensé de la Tour de Babel à l’échelle de la terre entière. Et maintenant, en France, ce pavillon inopportun flotte désormais en partie avec le tricolore et figure en priorité sur les écrans de télévision lors des allocutions présidentielles.

               Halte-là ! Il est dans la nature des nationalistes français, français avant tout, ni républicanistes ni royalistes d’assurer ensemble la sauvegarde et la transmission du drapeau. Par eux, la patrie restera une et tricolore, redeviendra blanche et chrétienne.